Rencontre avec Jean Philippe Fanfant

Il y a des moments dans la vie, où des rencontres se font sans même s’y attendre, c’est exceptionnel, c’est à ce moment là qu’ils prennent une toute autre dimension.

Jean Philippe n’a d’égal à son jeu génial, uniquement son sourire.

La bonne humeur est toujours au rendez-vous avec lui, dès le matin,
et ce, jusqu’à la fin de la journée.

Son leitmotive : être heureux aujourd’hui, demain sera un autre jour.

Batteur très publique, nous pouvons le voir et l’écouter depuis quelques années, garantissant une rythmique et un groove implacable aux émissions TV, telles que « La Nouvelle Star »
pendant 7 ans, et maintenant « The Voice ».

Batteur de Christophe Maé, il répond aujourd’hui avec humour et bonne
humeur à mes questions, juste pour nous :-)

Jean Phi, juste merci pour celui que tu es ;-)

1) Pourrais-tu nous raconter tes premiers pas dans la batterie ?

Lorsque j'ai commencé, j'avais 14 ans, j'ai eu la chance d'avoir des parents musiciens, ils avaient un orchestre, et j'ai eu la chance de commencer avec eux.
C'était assez facile pour moi, car il y avait toujours beaucoup de musique à la maison.

Je me souviens qu'ils avaient aménagé une cave pour répéter, il y avait un piano, une batterie, une basse, des amplis, enfin, tout pour faire de la musique.
Et puis avec les parents, c'était naturel, il y avait le côté
"Tu n'as pas le choix, tu fais de la musique"

Et puis, j'ai voulu faire de la musique, parce que tout le monde faisait de la musique.
J'ai choisi la batterie, car je trouvais que c'était un instrument très visuel, et sonore.
Quand tu regardes une batterie, tu t'aperçois que chaque son que tu produis est visible, ça me plaisait.

2) As-tu pris des cours pour parfaire ta formation ?

De mémoire, mes premiers cours ont commencé à l'age de 14 ans jusqu'à 20 ans.
J'ai d'abord pris des cours en banlieue Parisienne ou j'habitais, et à la fin de ces 4 années, j'ai fais 2 ans de cours sur Paris avec Daniel Pichon.


Par la suite, j'ai eu la chance de rencontrer pas mal de musiciens du métier, et je suis rentré très rapidement dans la vie active, pour ne faire plus que ça.

J'ai eu de grosses opportunités de travail, et tout s'est enchaîné rapidement.
Et puis rencontrer des musiciens de son age était bien aussi, il y avait tel projet, nous répétions.......... c'était une génération musique, ou l'on ne se posait pas trop de questions.

3) Tout était naturel en fait, il y avait beaucoup de feeling pour les feels !


En fait pour les feels, j'écoute beaucoup de musique, énormément de musique, toutes aussi différentes les une des autres, je ne travail pas un style de musique, et je mis tiens, non.....
Quand j'écoute de la musique par exemple à la radio, je change de station tout le temps.

Quand j'ai commencé la musique, j'ai adoré zaper pour écouter de tout, et jouer ce qui était diffusé, il y avait du rock, du jazz, du reggae ,de la salsa, de la musique Antillaise, Africaine, j'adoré ça, j'ai toujours aimé m'imprégner de beaucoup beaucoup de musique.

Ce que l'on dit de mon jeu aujourd'hui, c'est qu'il est fait de plusieurs influences, j'ai toujours travaillé avec beaucoup de styles musicaux différents.
Je pense du aussi en partie a ma culture Antillaise, ayant grandit en France.

4) Ecoutes-tu encore aujourd'hui beaucoup de musique ayant des styles variés ?

Bien sur, sur mon Ipod je peux passer d'une musique classique à une musique super compliquée, du jazz rock, du jazz, du blues.
Oui, ça continue encore aujourd'hui, si quelqu'un écoute mon Ipod, il pourra s'en apercevoir.

5) Quelques mots sur la méthode de rythmes Caribéens que tu as écrit ?

J'ai fais une méthode qui s'appelle " Les plus grands rythmes Caribéens à la batterie"

(Visitez en un clic, ici, la méthode de Jean Philippe Fanfant)

C'est une méthode qui regroupe à peu près, une centaine de rythmes.
L'idée pour moi était de faire un voyage dans toute la Caraïbe.
Je suis parti du bas de la Caraïbe, de Trinidad à la Martinique, la Dominique, la Guadeloupe, puis plus haut aussi, à Porto Rico, Saint Domingue, Haïti, la Jamaïque et j'ai fini par Cuba.

C'est en tout 9 chapitres qui représentent les 9 îles que j'ai visité, ce qui m'a permis de m'imprégner de tous ces rythmes, et en faire la méthode.

6) Tu veux dire que tu as voyagé exprès dans ces îles pour faire cette méthode ?

Non pas du tout, j'ai pu faire ça pendant mes différents concerts avec plusieurs artistes, notamment avec Mario Canonge, Ralph Thamar, Beethova Obas.   

J'ai la chance de rencontrer beaucoup de musiciens et d'enregistrer plusieurs albums.
Je me souviens quand je partais jouer, j'enregistrais tout à l'époque sur un mini disque.

J'enregistrais les rythmes, je m'imprégnais beaucoup de ces choses là.
Le point commun de toutes ses iles, c'est l'Afrique et l’histoire commune.

Il y a toujours ce côté mélangé, entre les Européens, les Africains qui sont venus.
Dans la méthode, c'est clair, j'ai parlé de tout ce mélange, et comment d'une île à une autre s'influencent tous ces rythmes.

7) As-tu encore le temps de travailler la batterie avec l'emploi du temps que tu as, entre les tournées, les enregistrements et les plateaux télé ?

J'adore ça, j'adore travailler mon instrument.

Pour te dire, dès que j'ai du temps, je me repose, et après, j'essai effectivement de m'isoler,
pour travailler mon instrument tout seul
.  


Je travaille la coordination de l'indépendance, de la technique, j'ai toujours aimé ça en fait.
Et puis, j'ai toujours cette petite voix qui me dit que "plus tu travailleras, plus tu seras à l'aise sur ton instrument" et puis ça s'entend.
Les gens qui t'écoutent apprécient, et surtout toi, tu apprécieras aussi dans sa tête.
On est toujours musicien, après c'est juste au niveau des membres que tu te demandes si ça va suivre.

Mais dans la tête tu peux avoir plein d'idées, tu peux être Dave Weckl, Vinnie Colaiuta virtuel, mais il faut que tes membres puissent suivre, et pour que ça suive, il faut travailler sa technique, son tempo, sa precision, ect.

Quelle est ta méthode de travail ?

En premier, je défini mon travail, toujours basé sur le métronome.

Je travaille en premier des choses très lentement, pour accélérer petit à petit.

9)  Travailles- tu à la noire, ou à la croche ?

A la noire, je commence à 80, pour aller jusqu'a 110... 120, ça dépend.
Quand les tempos sont lents, je peux aussi le mettre à la croche, mais l'idée est quand même de le mettre à la noire, parce que c'est bien de pouvoir entendre ce qui ce passe entre chaque note.
Pour moi, le tempo est très important, il faut pouvoir le maîtriser, sinon, c'est comme si un guitariste ne s'accordait pas avant de jouer.

Il faut donc savoir jouer avec un métronome, il faut que ça soit précis, et pour ça, il faut travailler des choses très lentement, ne pas penser vitesse importante, parce que si tu es à 80 à la croche, en fait à la noire, c'est comme si tu étais à 160, je pense donc que c'est mieux de travailler à la noire.

10) Lorsque tu joues sur un plateau TV ou pour un concert, es-tu soutenu par une séquence ou un métronome ?

Ca dépend du titre que j'ai à jouer.
Quand il y en a un, qui nécessite un tempo très lent, je vais mettre en marche ma Boitte à Clic.
J'utilise le MPC1000.


Il peut y avoir des titres ou je laisse le clic, et parfois c'est juste pour partir, et je l'arrête très vite.
Le tout, est que ce ne soit pas gênant,, il faut que ça soit très naturel.

Parfois, il y a des séquences, mais, c'est quand il est nécessaire de gonfler le son, c’est a dire de rajouter des instruments que l’on ne peut pas jouer (guitare programmer ,synthé,percusions, loop ect…)

Mais quoi qu'il en soit, il faut penser musique au départ, sinon ça ne marche pas.

C’est le travail du directeur musical, l’arrangeur .

11) Quelques mots de ta rencontre avec Christophe Maé, tes projets, les répétitions avant de partir en tournée ....

J'ai rencontré Christophe pendant la comédie musicale Le Roi Soleil.
Il y avait un orchestre qui accompagnait les chanteurs de la comédie musicale, et nous avons bien sympathisé, de là, et m'a proposé de partir en tournée avec lui.
Nous avons commencé avec une petite tournée, et ça a très vite grandit, et il est devenu un artiste majeur en France.

Pour partir en tournée, nous avions répété 15 jours, puis nous avons pris la route.
Christophe est quelqu'un qui est devenu très proche, et que j'apprécie beaucoup.

12) Y a t'il des projets à venir avec Christophe Maé ?

Christophe doit repartir sur les routes à partir d'octobre 2013.

C'est une tournée Française qui va durer 1 an, avec je pense la même équipe de musiciens qui l'accompagne habituellement, il y aura peut-être d'autres éléments, car son dernier album a un style Nouvelle Orleans, je pense à des cuivres en plus, et d'autres musiciens.

13) Quel type de travail réalises- tu pour l'émission The Voice ?

Nous répétons du mardi au samedi inclus jusqu'à la diffusion.
L'agenda se déroule comme suit: mercredi c'est pour la mise en place de la musique, le jeudi avec les candidats, le vendredi c'est pour le travail avec les caméras, les lumières, et le samedi c'est la répétition générale, les derniers calages sont vérifiés, et le soir, c'est le direct, et comme on dit "feu" et là, c'est jusqu'à la fin de l'émission.

14) Est-ce naturel pour toi de jouer en direct devant plusieurs millions de téléspectateurs ?
(A savoir, l'émission du samedi 30 mars 2013 a atteint 7.3 millions de téléspectateurs)

Maintenant oui, parce que j'ai quand même fait l'émission "La nouvelle Star" pendant 7 ans,
donc ça ne me fait plus peur, je connais bien le système de TV, je sais ce que les gens attendent, au moment ou ils disent : "Attention musique !!!, ça va partir"

C'est vrai que ce n'est pas quelque chose de naturel, mais je connais bien cette situation là.
les gens qui me rencontrent me disent, "mais tu n'est pas stressé" mais comme je le dis, je l'ai fait beaucoup.

Par contre, la première fois que j'ai joué à la Nouvelle Star, je me suis dit qu'il ne fallait pas que je me trompe, j'ai espéré que tout se passe bien.

Mais aujourd'hui, ce n'est plus pareil, j'ai l'habitude, et puis tout est bien calé, bien répété, il faut juste gérer le moment présent, là ou l'on entend,
"Attention, 5,4,3, 2,1,0 top musique !! »

Ca veut dire que c'est parti.

C'est un peu comme un concert, en fait, il y a la préparation qui est stressante, mais une fois que le concert est lancer, il faut s'amuser plutôt que de se stresser et se poser les mauvaises questions au mauvais moments.

C'est mieux de stresser avant, pendant les répétitions par exemple.
Mais une fois que le direct est là, «  have fun !!! »

15) Quelques mots sur ton matériel et les partenaires qui t'accompagnent ?

Je suis endorsé par DW pour ma batterie, qui est un modèle Collector, finition Finish Ply, avec 2 grosses caisses de 22, des toms, 10 12 16 18, avec une caisse claire Edge, un mélange de métal et de bois, 14x6, elle claque bien, elle est très très bien, une autre en piccolo 14x3, et une Think Drums vintage de 14x7, qui est une caisse claire tambour.


Mes cymbales sont des Sabian ( melange entre Vault et Legacy), et pour mes baguettes signature, je suis chez Pro Orca.
J'utilise aussi des percussions Meinl, Cajon et petites percus, et pour l'électronique je suis chez Roland pour un Pad  SPDS.

16) Comment organises-tu le déplacement, le montage et le démontage de tes kits pour tes diverses interventions ?

Pour The Voice, j'ai un drum tech, avec Christophe Maé, j'ai aussi un drumtech.
C'est très important d'avoir un drumtech.
Sur Paris, je travaille avec Pierrot Pejoine, il est très bon, et c'est très agréable, sinon, c'est trop difficile à gérer, des batteries, j'en ai un peu de partout.

17) Quel est le système que tu utilises pour te protéger les oreilles et avoir un bon retour de scène ?

J'utilise des Ear monitor, tu es bien protégé, et tu as un excellent retour de la musique que tu désires avoir.

Il faut se protéger les oreilles, c'est très important, bien sur.
Pour ma part je ne travaille jamais sur une batterie acoustique sans protection, mais sur une batterie muette que je possède.
J'ai toujours travaillé avec, car j'ai toujours habité en appartement.
Mais comme je joue beaucoup, ça revient assez rapidement.
On va dire que je travail mes gammes a la maison et la musique en dehors.

18) Que penses- tu des batteurs de compétitions que nous pouvons tous voir sur Internet ?

Grâce à ça, il y a une nouvelle forme de travaille, les jeunes sont avides de YouTube.
Un jeune des qu'il veut écouter une musique, il faut qu'il mette le clip avec, les jeunes sont très visuels.

Je trouve cela pas mal, qu'il y ait des batteurs comme ça, j'aurais vraiment apprécié avoir tout ça en étant plus jeune.

Et puis les jeunes, emmagasinent  plus vite que nous, dans le sens ou c'est visuel.
Personnellement, je suis plutôt pour.


Par contre la course à la vitesse, à savoir qui va le plus vite, là, c'est autre chose.
Je ne suis pas trop pour, même si je respecte quelqu'un qui travaille son instrument et qui va très vite.
Mais il faut que ca reste musical sinon a quoi bon ?

D’ailleurs, ce qui n'est pas montré dans toutes ces vidéos, c'est la musicalité, et beaucoup ne l'ont pas, du coup, il y en a à prendre, mais aussi à laisser. (rire)

19) As- tu une anecdote à partager avec nous ?

Oui, à La Nouvelle Star, un truc marrant avec un gros fou rire, c'était quand Amadine Bourgois avait gagné.
A la fin de l'émission, ils ont lancé des confettis en très grande quantité, c'est un coté très show, très télévisuel, du coup nous en avons mangé pas mal.
On en a eu plein les instruments, le pianiste Franck Sitbon ne voyait même plus ou il pouvait mettre ses doigts, le son de la caisse claire et les toms était maté un maximum, c'était tout simplement impossible, mais très marrant.
Ca laisse un bon souvenir, qui aujourd'hui est devenue une anecdote.

20) Un conseil à donner aux lecteurs ?

Oui, travailler, travailler, travailler son instrument, c'est la clé du succès.
Faire beaucoup de musique, en écouter aussi beaucoup, même celle que l'on ne connait pas.
Il faut être très curieux dans la découverte musicale, et  jouer avec plein de gens différents.


Plus on joue avec des gens différents, plus on va apprendre et découvrir.
Pour ma part, tout cela a marché, être curieux, avoir envie d'apprendre,  être à l'affût de plein de nouvelles choses, la musique, les styles différents, des concerts, et pour finir, travailler avec un métronome, c'est très important pour un batteur, parce que l'idée de ce genre de travail est d'arriver à se placer sur tous les tempos.


Et si ça ne sonne pas à 80 par exemple, c'est que le travail n'est pas suffisant.
En studio, ça arrive souvent, un titre travaillé à 98 peut être changé avec 2 points de moins, parce que le chanteur préfère, alors il ne faut pas que ça nous effraie , il faut savoir jouer avec 2 de moins sans problème.

Donc, il faut travailler sa technique à tous les tempos.

21) Le mot de la fin !


Oui, longue vie à ton site......./
Merci Jean Phi :-)

Cliquez sur l’image ci-dessus, et découvrez
les méthodes de Jean Philippe Fanfant :-)http://www.editions-hit-diffusion.fr/Methodes/Batterie/Les-plus-grands-rythmes-caraibeens.html

Propos recueillis le lundi 8 avril 2013 par Franck Cascalès
Correction Nadège Cascalès.

Photos personnel de Jean Philippe Fanfant

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